Jeremy Dutcher
Prix CNA 2025
Compositeur, interprète, porteur de langue, ethnomusicologue et militant
Jeremy Dutcher est un compositeur, ethnomusicologue et ténor de formation classique bispirituel. D’origine wolastoqiyik, il est membre de la Première Nation de Tobique, au nord-ouest du Nouveau-Brunswick. Délibérément enjouée, sa musique franchit les frontières en incorporant des éléments classiques et des chansons traditionnelles de sa communauté, et porte un souffle très actuel qui exprime l’urgence de la résistance. Par sa musique, il préserve la culture wolastoqiyik et sensibilise la jeunesse autochtone à l’importance d’aimer sa langue et son patrimoine.
M. Dutcher est né en 1990 à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Il a étudié la musique et l’anthropologie à l’université et, après avoir reçu une formation de ténor d’opéra, il a enrichi son répertoire pour y inclure le style de chant traditionnel et des chansons de sa communauté wolastoqiyik.
Son premier album (2018),
Wolastoqiyik Lintuwakonawa (« chansons du peuple du fleuve magnifique »), entièrement chanté en wolastoqey, a été inspiré par un projet de recherche d’archives au Musée canadien de l’histoire. M. Dutcher a transcrit des enregistrements de chants traditionnels wolastoqiyik du début du XX
e siècle et s’en est inspiré pour créer des compositions « collaboratives ». L’album a remporté le Prix de musique Polaris 2018 et le Prix Juno 2019 de l’album autochtone de l’année.
En 2023, il a publié un deuxième album,
Motewolonuwok (« peuple d’une grande puissance spirituelle »). Si l’album comprend des chansons traditionnelles wolastoqiyik, on y trouve aussi des pièces en langue anglaise. L’album a remporté de nouveau le Prix de musique Polaris en 2024. M. Dutcher devenait alors le premier artiste à remporter ce prix à deux reprises.
« Lorsque vous faites de la musique, dit-il, vous vous demandez quelles sont les ficelles que vous détenez et comment vous allez tisser le tout. J’ai compris que j’étais à l’intersection de deux mondes. »
M. Dutcher a fait des tournées internationales et a travaillé avec des artistes emblématiques dont Beverly Glenn Copeland, Leslie Feist et Yo-Yo Ma. Il est régulièrement sollicité pour s’exprimer sur son identité queer, les racines autochtones et la revitalisation des langues autochtones.
En 2022, lui et sa famille ont fondé Kekhimin, la toute première école d’immersion en langue wolastoqey, à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.
Puisant à diverses disciplines, il a composé la musique de
Pizuwin (2023), production du Atlantic Ballet, et travaille actuellement à la musique d’un film d’horreur mi’kmaq.
Jeremy Dutcher a reçu un doctorat honorifique de l’Université Nipissing.