Jon Vickers (1926-2015)
Prix de la réalisation artistique 1998 (Musique classique)
« Tout le monde peut posséder un Stradivarius, mais ce n'est pas tout le monde qui peut en jouer. » Il existe des milliers de voix splendides à travers le monde, mais un très petit nombre de chanteurs possèdent les connaissances et les habiletés nécessaires pour analyser et comprendre les partitions et les langages musicaux les plus complexes, et en communiquer le sens aux auditeurs jusque dans ses plus subtiles nuances. Parmi ceux-là, Jon Vickers est l'un des plus grands. Ce chanteur qui refuse qu'on le qualifie d'« artiste » - « j'ai interprété les œuvres de grands artistes, Verdi, Wagner, Berlioz... » - n'en est pas moins le plus important « ténor héroïque » de ce siècle. Ses brillantes prestations dans les salles d'opéra les plus prestigieuses du monde, dans des rôles comme le Tristan ou le Siegmund de Wagner, le Peter Grimes de Britten ou l'énée de Berlioz - qu'il est le seul ténor de l'histoire à avoir interprété dans la version intégrale, non transposée des Troyens (« Le rôle le plus difficile de ma carrière! » ) -, restent inégalées à ce jour.
Il a commencé à chanter dès sa plus tendre enfance en Saskatchewan, alors qu'il accompagnait son père, prédicateur laïque, et ses sept frères et sœurs dans les églises et les pénitenciers des environs. Il semblait destiné à s'orienter vers le monde des affaires lorsqu'une bourse du Royal Conservatory l'a envoyé tenter sa chance en musique à Toronto en 1950. Il attribue à Herman Geiger-Torel, un héros oublié de la musique canadienne, fondateur de la Canadian Opera Company, le mérite de lui en avoir « appris davantage que quiconque sur l'art d'interpréter la musique ». En 1956, Jon Vickers se donne un mois pour percer, sans quoi il renoncera à sa carrière de chanteur ; avant l'expiration du délai, il obtient un engagement à Covent Garden... et la suite appartient à l'histoire.
à quelle source s'abreuve-t-il? « Au christianisme, la pierre d'assise de mon existence. » Et l'opéra? « Une forme d'art grandiose qu'il convient d'aborder avec révérence et humilité ; qu'il faut servir et révéler si vous êtes en pouvoir de le faire. » Jon Vickers est compagnon de l'Ordre du Canada.