Gilles Carle (1929-2009)

Prix de la réalisation artistique 1997 (Spectacle vivant (anciennement Théâtre))

« Je me suis engagé sur la route mystérieuse de la réalisation cinématographique » déclare Gilles Carle « à la recherche d'un ordre secret des choses ». Cette quête de près de quatre décennies a fait de lui l'une des pierres angulaires de l'industrie du cinéma québécois. Jamais trop encensé par la critique, chacun de ses films semble appeler un jugement assez sévère. Pourtant son oeuvre révèle la constance et la vérité, la sensibilité et l'humour avec lesquels il a exploré la vie des Québécois ordinaires, son sujet principal.

Dans les années soixante-dix, il a refusé l'invitation qui lui était faite d'aller travailler à Hollywood, parce que, selon lui, le milieu était « trop Disney ». Il a préféré poursuivre sa carrière comme réalisateur indépendant. On lui doit près de trente productions et d'innombrables films dont « La vie heureuse de Léopold Z », « La mort d'un bûcheron », et, plus récemment, « Pouding Chômeur ».

Il a porté au petit écran des drames comme « Maria Chapdelaine » et la série « Le crime d'Ovide Plouffe », d'après le roman de Roger Lemelin. Par ailleurs, il n'a jamais refusé de faire des annonces publicitaires pour la télévision. à une époque, il a travaillé pour toutes les principales sociétés productrices de bière. « Et je ne bois même pas de bière! », dit-il. Mais son travail dans ce domaine lui a permis de financer ses autres projets.

Ardent défenseur de l'Office national du film où il a d'ailleurs fait ses débuts, il y est retourné au milieu des années quatre-vingts pour réaliser des documentaires et notamment : « Jouer sa vie » (sur les échecs et la politique), « O Picasso » et « Vive Québec ». Il défend la qualité et la liberté que l'ONF offre aux réalisateurs de cinéma comme lui et plaide pour que l'on protège cette institution. Sa dernière oeuvre : « Une épopée en Amérique : une histoire populaire du Québec », est une télésérie dont le financement est international et qui procède à une analyse réaliste de l'histoire et de la culture du Québec. Vivement acclamée en Europe et au Québec, elle sera bientôt diffusée au Canada anglais.

Mais il s'adonne surtout au simple plaisir de tourner. « La récompense, c'est de tourner. Pendant ce temps, on ne peut s'inquiéter de l'avenir ».

Il a reçu plus de deux douzaines de Génies et de prix au Palmarès du film canadien. Décoré de la Légion d'honneur en France, il est également titulaire d'un Prix du Québec.